Analyse : The Voices

Il y a quelques semaines, j'étais resté sans voix face à un Tokyo Tribe hallucinant - et halluciné - et débordant d'énergie. Aujourd'hui, j'ai regarde The Voices, le dernier film réalisé par Majane Satrapi - Persepolis, Poulet aux prunes -. Si le fait d'y retrouver Ryan Reynolds était loin de me donner envie, la faute à un Green Lantern au rabais, le concept même du film semblait bien fendard. Et je m'étais planté, parce qu'on est ici en face d'un génial condensé d'humour noir et de politiquement incorrect, le tout sur fond de drame social et de romance hasardeuse.







Percée propice



The Voices, c'est avant tout un film dont j'ai entendu parler via le festival du film fantastique Gérardmer. Et comme généralement, les films récompensés valent le coup d'oeil, je me suis dit qu'à un moment, j'allais bien devoir regarder celui ci. Non content de rafler le prix du jury - ex aequo avec Ex_Machina -, il se permet aussi de décrocher le prix du public, et ce pour plusieurs raisons.


C'est l'heure de l'apéro !
La première, c'est la façon de présenter la folie qui anime Jerry, employé d'une petite entreprise, qui adore entretenir des discussions avec son chat et son chien. Si ici la dualité de interlocuteurs renvoie à une version manichéenne et assez simpliste de l'esprit de Jerry, elle fait tout de même bien son effet en évitant une surcharge conséquente d'informations, et une compréhension plus rapide de la situation dans laquelle se trouve notre protagoniste.


Le choix de découper le film en plusieurs sections, chacune séparée par une séquence plus ou moins longue chez la psychothérapeute du jeune homme, permet aussi d'apprécier plus facilement la montée en puissance de l'histoire et suit une évolution logique avec le personnage. Sans spoiler, il est assez surprenant de voir que l'évolution de codes couleurs et de l'état physique de Jerry correspondent assez bien au malaise qui s'installe peu à peu chez le spectateur, à la fois horrifié de certains actes et plein de compassion pour notre héros qui ne demande qu'à être aimé.

Aimé, oui, mais par qui ? C'est là qu'entrent en scène les personnages secondaires, tous féminins - pour les plus importants -. Un peu comme dans une danse, chacune des jeunes femmes que va côtoyer Jerry va découvrir sa folie, qui au final n'est peut-être qu'une façon différente de voir les choses... Après tout, qui sait ?


Le malaise de rire


De plus, certains plans prêtent à sourire, tout en nous rappelant la folie du personnage, inhérente à sa personne. Je pense par exemple au monologue que Jerry tient en faisant semblant de discuter avec un poisson, la caméra ne nous laissant pas voir ses lèvres dès le début, et nous invitant donc à penser que le poisson parle bel et bien ! Bien d'autres idées simples et efficaces sont exploitées, et avec brio, comme lors des changements de certains éléments du décor. Mais difficile d'en parler en détail sans réellement vous gâcher une bonne partie du plaisir du film...
Comme un petit air de Forrest Gump

In fine, The Voices est une assez bonne surprise de début d'année, notamment avec un Ryan Reynolds assez surprenant en idiot du village, qui joue sans faillir un homme un peu fou. Mais qui lui, au moins, a des animaux qui lui répondent, contrairement à moi.

Bien sûr, il n'est pas exempt de petits défauts, comme une bande-son remplaçable facilement par n'importe quelle musique générique, ou des choix dans la réalisation parfois discutables, mais rien qui n'invite à se détacher du film.



The Voices
  • Année : 2015
  • Durée : 1 h 56
  • Réalisé par : Marjane Satrapi
  • Acteurs : Ryan Reynolds, Anna Kendrick
  • Genre : Comédie, Thriller

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